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Focus Communication 2025

Dans le cadre de la mise en œuvre du Plan Climat Agriculture, Grangeneuve lance cet automne une campagne grand public sous le slogan « Plus qu’une action, un engagement. »

Celle-ci met en avant des mesures et projets agricoles innovants, soutenus par le Plan Climat, et présentés au grand public à travers les médias fribourgeois Frapp et wir. Le but de cette démarche : donner la possibilité au citoyen d’en savoir plus sur l’engagement des agriculteurs en faveur du climat.

La méthode de fertilisation CULTAN, les cultures-relais, la production de légumineuses à graines et le récupérateur de chaleur sous toiture y sont valorisés avec un ton accessible et vivant.

Vous pouvez en apprendre davantage sur ces différentes thématiques dans les articles ci-dessous, ainsi que dans les capsules vidéos diffusées sur Frapp, les réseaux sociaux de Grangeneuve et de Mon Plan Climat.

En outre, vous trouvez ci-après une carte donnant une vue d’ensemble des exploitations agricoles du canton participant aux mesures ou projets du Plan Climat Agriculture.


Les eaux usées des toilettes valorisées en engrais pour fertiliser les champs

Et si chacun de vos passages aux toilettes devenait un geste pour le climat et une boucle de l’économie circulaire – où rien ne se perd, tout se transforme – grâce notamment à l’agriculture ? En effet, dans des stations d’épuration comme celle d’Yverdon-les-Bains, les eaux usées sont transformées en un engrais liquide de haute qualité utilisable par l’agriculture grâce à une méthode innovante appelée CULTAN. Une fois les légumes récoltés et consommés, ils redeviennent un engrais pour nourrir les sols. En Suisse, des agriculteurs pionniers adoptent déjà cette approche locale et responsable dans le cadre du Plan Climat Agriculture.

Quand vous tirez la chasse d’eau, vos eaux usées rejoignent une station d’épuration. Certaines, comme celle d’Yverdon-les-Bains qui est pionnière en Europe, parviennent à en extraire un engrais, l’ammonium, grâce à une technologie appelée « stripping membranaire » (principe de séparation). Cet engrais local, sans métaux lourds ni polluants, réduit aussi la dépendance des exploitations aux importations d’engrais de commerce, comme le nitrate et l’ammoniac.

Des stations d’épuration aux champs

CULTAN (Controlled Uptake Long Term Ammonium Nutrition) est une méthode de fertilisation innovante qui utilise l’ammonium issu des eaux usées. Plutôt que de répandre des engrais de commerce en surface, ce nutriment recyclé est directement injecté à proximité des racines. Les plantes l’absorbent là où elles en ont besoin, ce qui réduit les émissions polluantes. De plus, contrairement aux engrais à base de nitrate, plus facilement lessivés par la pluie, l’ammonium reste stable dans le sol, limitant ainsi le risque de contamination des eaux, comme le montre une étude d’Agroscope.

L’agriculture au service de l’économie circulaire

En valorisant l’ammonium extrait des eaux usées, la méthode CULTAN s’inscrit pleinement dans une logique d’économie circulaire. Elle transforme un sous-produit du traitement des eaux en ressource précieuse pour les cultures, limite les pertes d’azote et renforce l’autonomie d’une agriculture durable, moins dépendante des engrais de synthèse importés.

Des exploitations agricoles fribourgeoises ouvrent la voie

Dans le canton de Fribourg, Christian Moser et Martin Blaser – lauréats du Plan Climat Agriculture 2024 – ont adapté leurs exploitations pour passer à la méthode CULTAN. Si ses bénéfices sont nombreux, sa mise en œuvre requiert des ajustements : un espace de stockage plus important (du fait d’une concentration moindre de l’engrais) et du matériel spécialisé pour l’injection. Les résultats ? Une autonomie accrue, une amélioration de la structure et de la fertilité des sols, et une baisse des émissions liées aux nitrates et à l’ammoniac. Plus qu’une action, il s’agit d’un engagement de leur part envers le climat.

Un levier pour atteindre les objectifs climatiques suisses

Selon l’Office fédéral de l’agriculture, chaque année une part importante des engrais utilisés en agriculture se disperse dans l’environnement sous forme de nitrates (qui polluent les eaux), d’ammoniac (qui altère l’air et les écosystèmes) ou de protoxyde d’azote, un puissant gaz à effet de serre. Pour répondre à ces défis, la Confédération s’est fixé l’objectif de réduire de 20% ces pertes d’ici 2030. Des solutions comme la méthode CULTAN s’inscrivent pleinement dans la mise en œuvre de cette stratégie, en alliant efficacité, durabilité et valorisation des ressources locales.

L’esprit de Mon Plan Climat

Soutenir des solutions concrètes, locales, durables, parfois étonnantes, pour préserver l’environnement représentent l’esprit de Mon Plan Climat. Parce que chaque geste compte, même le plus quotidien.

Pour aller plus loin

Engrais de commerce versus engrais issus du recyclage 

Les engrais de commerce sont des produits chimiques de synthèse fabriqués industriellement pour répondre aux besoins spécifiques des cultures. À l’inverse, les engrais issus du recyclage proviennent de matières secondaires, telles que les déchets organiques. Parmi ces matières recyclées figuraient autrefois les boues d’épuration, résidus du traitement des eaux usées dans les stations d’épuration. Toutefois, leur utilisation comme engrais est interdite en Suisse depuis 2006 en raison de la présence de polluants, notamment des métaux lourds. Une alternative prometteuse consiste à valoriser l’ammonium extrait des eaux usées. La méthode CULTAN permet d’injecter directement l’ammonium dans le sol, offrant ainsi une source de nutriments recyclés pour les plantes.

Pour comprendre le stripping membranaire dans les eaux usées

Marcel Pürro, Frédéric Gindroz, Stripping membranaire de l’ammoniaque, Aqua & Gaz [En ligne]. 2028 [cité le 30 juin 2025] ; Volume (n°1) : pages 26 à 29. Disponible : https://www.yverdon-les-bains.ch/fileadmin/documents/ylb/Travaux-Environnement/pdf/Aquaandgaz-strippingmembranaire.pdf

Pour plus d’info sur l’étude d’Agroscope CULTAN

Confédération suisse, Recherche agronomique suisse (Agroscope) [En ligne]. La fertilisation CULTAN réduit considérablement le lessivage de l’azote dans les grandes cultures [Mentionné le 30 juin 2025]. Disponible : https://www.agrarforschungschweiz.ch/fr/2023/10/la-fertilisation-cultan-reduit-considerablement-le-lessivage-de-lazote-dans-les-grandes-cultures/


Quand les papilles des ruminants dictent le séchage du foin

Pour que les vaches mangent avec appétit, encore faut-il que le foin ait bon goût. Et pour cela, rien de tel qu’un séchage qui respecte les qualités nutritionnelles de l’herbe. La technique de séchage en grange, avec récupération de chaleur sous toiture, permet d’obtenir un fourrage d’excellente qualité, séché rapidement, et sans altération des nutriments. Grâce à l’air chaud naturellement dégagé sous la toiture, récupéré et pulsé à travers les couches de foin, le séchage est homogène et efficace.

Un bon foin, c’est d’abord une question de goût 

Contrairement au foin séché plusieurs jours au champ, plusieurs fois manipulé et exposé aux intempéries, le foin séché en grange, de plus avec un récupérateur de chaleur sous toiture, préserve ses feuilles, ses sucres, ses protéines et sa structure. Résultat : un foin plus riche, plus appétant et mieux adapté à la physiologie des ruminants. Les animaux en consomment davantage, avec moins de pertes. Cela améliore leur productivité et réduit significativement les besoins en aliments concentrés coûteux.

Une technique fiable face à un ciel capricieux

Tout commence par la récolte de l’herbe préfanée (au moins 60 % de matière sèche), rapidement engrangée à l’aide d’une griffe. Le foin est réparti en vrac dans des cellules de séchage posées sur des caillebotis en bois. Un ventilateur placé sous chaque cellule propulse de l’air chaud et sec qui traverse lentement les couches de foin jusqu’à atteindre une matière sèche d’au moins 85 %, garantissant une bonne conservation sans fermentation. Ce dispositif permet de superposer les couches de foin, tout en assurant un séchage rapide et homogène, un stockage efficace et une distribution directe à l’auge.

Le séchage est accéléré grâce à un système de récupérateur de chaleur sous toiture. L’air est aspiré dans un faux plafond situé sous le toit – parfois équipé de panneaux photovoltaïques – et y gagne environ 10 degrés. Ce procédé réduit le taux d’humidité de l’air, accélère le séchage du foin, et limite la consommation d’énergie, tant que le soleil chauffe la toiture. En cas de mauvais temps, l’air ventilé peut être réchauffé avec des sources d’énergie renouvelables, comme le bois.

Un gain économique et environnemental

Les récupérateurs de chaleur augmentent l’autonomie énergétique de l’exploitation et réduisent la dépendance aux énergies fossiles. Ce séchage « renouvelable », permet de baisser les coûts d’exploitation tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre. En prime, le foin subit moins de pertes et les éleveurs gagnent un peu en flexibilité sur le calendrier de récolte.

Un choix réfléchi et gagnant

Charly Cotting, agriculteur à Ependes, a équipé son exploitation avec une installation de séchage en grange avec récupération de chaleur sous toiture. « Ce système me permet d’optimiser le séchage, de réduire les pertes et de diminuer les frais de ventilation. Les vaches le consomment avec plus d’appétence, je réduis ainsi les achats de concentrés, et gagne en sérénité. » Et pour Charly Cotting, ce geste est plus qu’une action, mais un vrai engagement envers le climat.

Le canton de Fribourg soutient ces installations 

Dans le cadre de son Plan Climat cantonal, le canton de Fribourg encourage l’adoption de séchoirs en grange avec récupérateurs de chaleur sous toiture. Chaque projet peut bénéficier d’un soutien financier pouvant aller jusqu’à 5’000 francs. Les demandes, gérées par Grangeneuve, sont traitées selon le principe : premier arrivé, premier servi, dans la limite du budget disponible.

Pour en savoir plus :

Quelques repères techniques pour bien réussir son installation

Pour garantir un séchage efficace et préserver la qualité du foin, certaines règles techniques doivent être respectées dans l’aménagement des cellules de séchage.

Hauteur des cellules : pas plus de 5 mètres

Une cellule trop haute augmente trop la pression de l’air sous le tas de foin, ce qui réduit l’efficacité du ventilateur et entraîne une mauvaise répartition de l’air. Le foin frais doit être engrangé par couches de 1 à 2 mètres maximum pour garantir un séchage rapide et homogène.

Taille des cellules : formats mixtes

Alterner petites et grandes cellules permet de mieux adapter le séchage aux conditions météo et aux surfaces à faucher. Ces cellules peuvent être utilisées alternativement pour le séchage ou le stockage, libérant de l’espace pour les nouvelles récoltes sans mobiliser de ventilateurs supplémentaires. 

Ventilation : puissance ajustée, qualité préservée

Un ventilateur trop puissant crée des « cheminées » d’air ; trop faible, il ne sèche pas l’ensemble de la cellule. L’astuce est d’équiper le ventilateur d’un variateur de fréquence pour moduler sa puissance selon la pression et l’humidité du foin.

Grille de ventilation : 50 cm, pas moins

Le vide sous le caillebotis doit mesurer au moins 50 centimètres de hauteur. Cela permet une bonne répartition de l’air sur toute la surface. Une hauteur insuffisante nécessite plus de puissance de la part du ventilateur, de plus on court le risque de zones mal ventilées, ce qui compromet le séchage. 

Priorité à l’air chaud

Un séchage efficace doit aboutir en 3 à 4 jours pour préserver les nutriments. Cela implique une installation adaptée, bien dimensionnée, et idéalement associée à un système de récupération de chaleur pour limiter les frais de fonctionnement. 

Informations sur les soutiens cantonaux

Les personnes intéressées par ce soutien cantonal peuvent consulter la page dédiée à ce sujet sur le site de la Section Agriculture de Grangeneuve. Elles y trouveront plusieurs documents utiles, notamment :


Cultures relais : se relayer pour s’entraider

Et si une même parcelle pouvait nourrir deux récoltes, tout en préservant les sols et l’environnement ? Oui, c’est possible, et surtout déjà connu. Le pari des cultures relais, c’est d’adapter l’agriculture aux nouvelles contraintes de demain. Cette technique innovante bouscule les pratiques actuelles et ouvre de nouvelles perspectives.

Associer des cultures n’est pas nouveau. Depuis longtemps, les agriculteurs et agricultrices savent qu’en faisant cohabiter plusieurs espèces sur une même parcelle, il est possible de tirer parti de leurs interactions. Chaque plante apporte sa contribution : certaines nourrissent mieux le sol, d’autres freinent les mauvaises herbes, les maladies ou les insectes. Résultat : un champ plus équilibré, plus vivant… et souvent avec de meilleurs rendements. Si les cultures associées sont bien connues et mises en pratique, elles restent limitées par la concurrence directe entre espèces. En outre les cultures ne peuvent pas être récoltées séparément et l’irrigation, la fertilisation et le désherbage constituent un véritable défi.

Une autre approche consiste à mettre en place deux cultures successives durant la même saison. L’objectif est clair : récolter deux fois plutôt qu’une, et ainsi optimiser l’espace et la productivité. Mais ce système dépend fortement de la météo. Si la saison n’est pas assez longue, la deuxième culture peut manquer de temps pour arriver à maturité. C’est là qu’interviennent les cultures relais.

Les cultures relais : alternatives quand la météo s’en mêle

Le principe des cultures relais est de ne pas attendre que la première culture soit récoltée pour en semer une autre. A un moment donné, les deux cultures poussent simultanément sur la même parcelle, puis la première culture laissant - après sa récolte - plus d'espace, de lumière et de nutriments, ces derniers peuvent être utilisés par la deuxième culture encore sur pied.

Cette méthode combine les avantages des cultures associées et des cultures successives : elle maximise la productivité, tout en rendant les sols plus résilients et économise l’eau et les ressources.

Comment ça fonctionne concrètement ?

En général, une culture d’hiver est semée en premier et doit offrir assez d’espace pour que la seconde plante, souvent une culture d’été, puisse se développer. Pendant quelques semaines, elles cohabitent. Puis, la première est récoltée, et la seconde prend le relais. Finalement, la seconde est récoltée. Typiquement, le blé et le soja ou le maïs et la betterave sucrière sont cultivés en cultures relais.

Clés pour réussir des cultures en relais

Mettre en place des cultures en relais demande une bonne organisation. D’abord, il faut adapter la date de semis de l’une comme de l’autre culture. Cela permet d’éviter les problèmes de concurrence ou liés à un mauvais développement des cultures. Mais ce n’est pas tout. Il faut également considérer les besoins physiologiques des différentes espèces (lumière, eau, nutriments) et choisir des plantes compatibles.

Un autre facteur important est l’allélopathie, la capacité de certaines plantes à influencer la croissance d’autres plantes par des substances biochimiques qu’elle libère dans le sol. Bien utilisée, cette propriété devient un atout précieux. En outre, les légumineuses ont la capacité d’absorber l’azote de l’air et de le mettre à disposition d’autres plantes.

La technique de semis joue également un rôle déterminant. Lors du semis de la première culture, il convient de prévoir des allées vides afin de pouvoir semer la deuxième culture au printemps. Parallèlement, il faut prévoir suffisamment d'espace pour le passage des machines. En règle générale, les machines existantes doivent être partiellement adaptées, afin que lors des travaux liés aux soins des cultures ou de la récolte, elles s'intègrent dans ce système de semis échelonné.

En résumé, réussir une culture en relais, c’est combiner le bon calendrier, le bon choix d’espèces, et une bonne gestion des techniques agricoles.

Pratique innovante qui gagne du terrain 

Cette approche innovante gagne du terrain en Suisse et attire de plus en plus d’agriculteurs et d’agricultrices. Pour Yanick Aeberhard, agriculteur à Ulmiz, la culture relais permet non seulement de garder un sol vivant et productif, mais aussi de mieux préparer son exploitation aux défis du changement climatique. « La culture du maïs et des betteraves sucrières en cultures relais n'est pas chose facile. Il faut bien réfléchir à l'emplacement et à l'espacement des semis. L'avantage, c'est que les betteraves sont ombragées, qu'elles bénéficient d'une protection naturelle et que l'on obtient un rendement supérieur avec les mêmes ressources sur une même parcelle. » Une dynamique vertueuse pour les sols et l’agriculture.

Le canton de Fribourg soutient cette transition

Dans le but de rendre son agriculture plus durable et résiliente, Fribourg apporte, dans le cadre du Plan Climat cantonal, son soutien à un projet pilote dédié aux cultures relais. En participant au projet suisse « Cultures relais (2024–2031) », porté par Bio Bern, Swiss NO-TILL et les services d’agriculture des cantons d’Argovie, Berne, Fribourg et Soleure, en collaboration avec les agriculteurs et agricultrices impliqués dans le projet, des exploitations fribourgeoises testent ces pratiques directement sur le terrain. Les agriculteurs et agricultrices bénéficient d’un accompagnement pour adapter leurs cultures et leurs rotations, ainsi qu’un soutien technique et financier pour aligner leurs machines. Un suivi permettra d’en mesurer les résultats concrets.

Pour en savoir plus :

Sur le projet ressources « Cultures en relais »

Confédération suisse, Office fédéral de l’agriculture OFAG [En ligne]. Projets ressource « Cultures en relais » [Publié le 26 février 2025]. Disponible : https://www.blw.admin.ch/fr/projet-ressource-cultures-intercalaires-en-relais

Association suisse pour une agriculture respectueuse du sol, responsable de la coordination du projet mis en place par la Confédération : Projets | SWISS NO-TILL.


Exploitations participant au Plan Climat Agriculture (état au 1er avril 2025)

Exploitations participant au Plan Climat Agriculture