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Porcs à retard de croissance intra-utérin (RCIU) : quels sont les impacts sur leur physiologie ?

29 août 2022
Pour évaluer la physiologie musculaire des porcs à RCIU, un muscle constituant le jambon est souvent investigué. Cependant, au vu de sa haute valeur marchande, une alternative moins prisée, le coeur, a été étudiée dans ce travail de diplôme.

Jusqu’à 25% des porcelets naissent avec un retard de croissance intra-utérin (RCIU), impactant leur survie, leur santé et leurs performances. Cette condition provient du fait que les truies hyperprolifiques ne fournissent pas assez de nutriments et d’oxygène pour tous leurs fétus, dont certains ont un développement suboptimal, nommé RCIU. Pour évaluer leur physiologie musculaire et la qualité de leur viande, un muscle à haute valeur marchande composant le jambon, le semi-tendineux, est souvent investigué. Une alternative plus abordable, le coeur, a fait l’objet d’étude de ce travail de diplôme, effectué à Agroscope (Posieux), en évaluant sa capacité à remplacer le semi-tendineux pour caractériser les porcs à RCIU. En effet, le coeur est systématiquement prélevé pour contrôle vétérinaire à l’abattoir et sa valeur marchande est faible. Pour évaluer l’évolution des changements musculaires du RCIU chez le porc, des échantillons de coeurs et de semi-tendineux ont été prélevés chez des porcelets et des porcs en finition à RCIU et à développement intra-utérin normal, chez les deux sexes.

© Agroscope (Posieux)

Les résultats de ce travail montrent que les nouveau-nés à RCIU ont le ventricule gauche plus épais et l’aorte plus épaisse et dilatée comparés aux autres porcelets. Cela permet au sang du fétus d’être redirigé vers leur cerveau, leur conférant un crâne bombé, à quoi ils sont facilement reconnaissables (voir photo). Cependant, lorsque les porcs approchent les 100 kg, plus aucune différence cardiaque n’est présente entre les porcs à développement normal et ceux à RCIU. Concernant le semi-tendineux, les porcelets à RCIU ont moins de fibres musculaires, développées pendant le stade foetal, mais encore une fois, ces différences disparaissent avec l’âge.

Ce qu’on peut néanmoins observer est une évolution avec l’âge chez les mâles (castrés) à RCIU vers un métabolisme musculaire du semi-tendineux similaire à celui du diabète de type 2.

Ce travail n’a pas investigué la qualité de la viande chez les porcs à RCIU mais d’autres recherches ont démontré une qualité de viande altérée par le RCIU. Concernant les différences cardiaques, elles expliquent la forme bombée des crânes des porcelets à RCIU mais le coeur ne semble pas pouvoir remplacer le semi-tendineux pour les analyses musculaires. Cette étude a également mis en évidence une possibilité de différentes susceptibilités entre les sexes face au RCIU et sur la santé animale. Finalement, sachant que chez les humains, le 10 % des grossesses mène à un RCIU, le porc ne pourrait-il pas être utilisé comme modèle pour étudier les conséquences de ce phénomène sur la santé humaine?

Source: Bellon, Johana (2022). Travail de diplôme ”Using physiological parameters to characterize intra-uterine growth retarded (IUGR) pigs”, sous la supervision de Catherine Ollagnier (Agroscope, Posieux) et Susanne Ulbrich (EPFZ).

Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. (Grangeneuve) et Catherine Ollagnier (Agroscope)