Porcelets à retard de croissance intra-utérine : leur santé et croissance postnatale
Grâce aux efforts des agriculteurs et de leurs vétérinaires, la présence de la maladie a globalement diminué depuis le pic de 2017-2018. Toutefois, une augmentation des cas est à nouveau observée ces derniers mois ce qui démontre la nécessité de rester toujours très attentif aux mesures sanitaires.
Chez les grandes portées, les truies ne parviennent pas toujours à satisfaire les besoins en oxygène et nutriments de tous leurs porcelets durant la gestation. Il en résulte donc un retard de croissance intra- utérin (RCIU) de certains foetus. En général, les porcelets à RCIU sont reconnaissables par un poids de naissance nettement plus faible que la moyenne (p.ex. < 1.1 kg).
Cependant, tous les nouveau-nés légers ne présentent pas de RCIU et la courbe de croissance des porcelets semble plutôt être influencée par leurs caractéristiques morphologiques que leur poids de naissance. Les RCIU disposent en effet d’un crâne particulièrement bombé à cause d’une priorisation de la croissance du cerveau par rapport à celle d’autres organes.
Scores RCIU : A : score 1 (normal), B : score 2 (intermédiaire),
C : score 3 (RCIU).
© Grangeneuve
Une autre méthode de diagnostic de ces RCIU est donc basée sur l’appréciation de la morphologie de la tête des porcelets à la naissance (cf. photo) ; de 1 (tête normale) à 3 (tête clairement bombée). Il est cependant capital d’utiliser cette méthode à la naissance car ces disproportions disparaissent dans les deux premières semaines de vie. Une étude menée à Agroscope avait pour but d’évaluer la subjectivité de cette méthode d’identification des RCIU et d’évaluer l’impact du score ainsi déterminé sur la santé et les performances zootechniques des porcelets, de leur naissance à deux semaines post-sevrage.
Il en résulte que même si des discordances d’appréciation existent entre les scores des différents observateurs, cette méthode prédit efficacement les performances zootechniques. Dans cette étude, le RCIU a une prévalence de près de 30 % des nouveau-nés et concerne plus de la moitié des porcelets morts autour de la naissance.
Ceux qui survivent ont une mortalité plus élevée que les porcelets sains dans les premiers jours de vie, ce qui mène à une survie de 85 % contre 95 % des autres porcelets durant l’étude (figure A).
Comparés aux porcelets de score 1, les porcelets RCIU pèsent 600 g de moins à la naissance et environ 2 kg de moins après 1.5 mois de vie, (figure B).
Ces différences s’expliquent également par la compétition entre porcelets qui défavorise la croissance des plus petits, dont font partie les RCIU. Étonnement dans cette étude, les RCIU n’ont pas nécessité plus de traitements que les autres porcelets, contrairement au
reste de la littérature. Cependant, en prenant compte leur haute mortalité durant les premiers jours de vie, il peut être avancé que ces porcelets ont une santé plus fragile durant cette période.
Survie (A) et croissance (B) des porcelets selon leur score RCIU.
© Agroscope
En effet, ils sont plus faibles à la naissance, ce qui impacte leur thermorégulation, leur vivacité et leur compétitivité. Ils ont donc également plus de risque d’être écrasés par leur mère et de souffrir de malnutrition.
Le RCIU est donc un problème assez fréquent qui impacte la survie et la croissance postnatale des porcelets. Cependant, une gestion appropriée des RCIU peut améliorer leurs conditions ; p.ex. une absorption de colostrum adéquate (min. 200 g par porcelet) et des sources de chaleurs à proximité de la mère durant les premières heures de vie.
De plus, afin de garantir une détection précise et rapide des RCIU, une méthode objective et non-invasive est en cours d’élaboration à Agroscope, ce qui permettra une prise en charge plus efficace et ciblée des porcelets à RCIU.
Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser., Marion Girard et Catherine Ollagnier