Trop chaud ou trop froid ?
Qui n’a pas remarqué que depuis quelques années les étés suisses se rallongent et se réchauffent ? Ce réchauffement ne plait pas à tout le monde, et encore moins à nos bovins : ceux-ci souffrent lorsque les températures sont élevées. Le stress thermique reste un paramètre difficile à gérer. Pour les veaux nouveaux-nés, c’est d’avantage le froid qui pose problème. Voyons, dans cet article, comment repérer et aider les animaux souffrant de la chaleur ou du froid et comment limiter les dégâts.
Tout mammifère a la capacité de s’adapter à la température de l’environnement dans lequel il vit. Cependant cette adaptation est biologiquement limitée. Il existe une zone thermique dans laquelle un animal est confortable : la zone de thermoneutralité.
Pour les bovins adultes, cette zone s’étend entre 0° C et 15° C alors que pour les veaux, cette zone confortable se trouve entre 15° C et 25° C. Au-delà de ces températures limites, l’animal doit dépenser de l’énergie pour se réchauffer ou se refroidir. Il est en situation de stress.
© Service sanitaire des veaux
L’humidité ambiante joue un rôle important sur les capacités de thermorégulation. En effet, plus l’humidité ambiante est élevée, plus il sera difficile d’évacuer la chaleur (souvent sous forme de vapeur d’eau). Au contraire, si l’air est sec, la chaleur s’évacuera plus facilement. Ainsi, plus l’humidité ambiante augmente, plus la zone de thermoneutralité se rétrécit.
Le stress thermique a un impact direct sur les vaches. Celles-ci vont diminuer leur ingestion (jusqu’à 30 - 40 %), ce qui aura de multiples conséquences :
- baisse de la production laitière de 25 à 30 %
- baisse des taux de protéines et de graisse dans le lait
- jusqu’à 10 % de baisse du taux de conception
Ces conséquences négatives sur la production peuvent se poursuivre jusqu’à 2 mois après l’épisode de stress.
L’impact sur les vaches taries n’est pas non plus négligeable. Lors d’un épisode de stress thermique, les vaches taries consommeront moins de fourrages, ce qui débouchera sur un amaigrissement avant le vêlage et une perte de poids excessive et non rattrapable après le vêlage. Le stress thermique joue un rôle négatif sur le veau dans l’utérus et peut provoquer les conséquences suivantes :
- augmentation du taux de mortalité
- baisse des performances de vie de la progéniture
Le froid peut également être source de stress, particulièrement pour les veaux.
Les veaux possèdent une couche de graisse spéciale (la graisse brune) qui leur permet de produire de la chaleur et de pallier leur difficulté de thermorégulation.
Cependant, cette couche de graisse n’est souvent pas suffisante et le veaux se réchauffent alors par grelottement. Pour éviter cette situation défavorable, il est important de veiller à ce que le veau puisse vivre dans un environnement dont la température correspond à sa zone de thermoneutralité [15 à 25 ° C]. Il est ainsi important de :
- limiter les courants d’air (chez les jeunes veaux, l’effet refroidissant du vent est ressenti dès une vitesse de 0.2 m/s)
- s’assurer que le veau ait le poil sec (un poil sec est plus isolant)
- apporter suffisament de litière propre et sèche (1 à 1,5 kg par jour minimun)
- si besoin, ajouter des sources de chaleur (couvertures, lampes chauffantes)
Le stress thermique (au chaud ou au froid) est donc atténuable en étant attentif au comportement de ses animaux et en mettant en place des mesures pour atténuer les effets de la chaleur.
Pour terminer notre série d’articles sur le stress chez les bovins, nous discuterons la prochaine fois du stress provoqué par la gestion d’un troupeau.
Nous nous tenons à disposition si vous avez des questions, remarques ou suggestions.
Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. et Chloé Fellay