Sur l’exploitation Savary-Delabays une aire d’alimentation surélevée a été mise en place dans la nouvelle partie de leur stabulation libre. Ivar Savary nous explique ce qui a mené à ce choix et quels sont les avantages et inconvénients du système.
Située à Sâles, la Comex Savary - Delabays est une exploitation spécialisée dans la production de lait (160 vaches laitières, 130 têtes de jeune bétail et 110 ha de SAU dont 2 ha de cultures pour le renouvellement des prairies). Quatre associés forment la communauté d’exploitation, soit Nicolas Savary et ses fils Ivar et Alec et Robert Delabays.
Aire d’affouragement surélevée et tapis rainuré pour une évacuation rapide de l’urine.
© Grangeneuve
Une stabulation en 2 étapes
Partant d’une ancienne ferme des années 1950, l’exploitation s’est développée avec un premier agrandissement en 2005 pour un total de 80 vaches laitières. Ensuite en 2020 une halle pouvant accueillir 70 vaches a été construite. Les deux bâtiments sont connectés par le carrousel de traite.
Ainsi la communauté peut détenir ses 160 vaches en 3 différents lots ; démarrage, production et préparation-vêlage, afin d’optimiser la gestion du troupeau. La halle mise en service en mars 2020 remplit énormément d’attente au niveau du bien-être des vaches ; beaucoup de luminosité et d’air frais, de la place et de la tranquillité, autant dans les logettes en sable que lors de l’affouragement.
Vue du carrousel connectant les deux parties du bâtiment.
© Grangeneuve
Aire d’alimentation surélevée l’inspiration et les expériences
À la suite de la visite de l’exploitation de Rolf Krieger et de quelques exploitations en Amérique et au Canada, Ivar a été séduit par les stabulations ayant une aire d’alimentation surélevée. D’une hauteur de 10 cm et d’une longueur de 150 cm, celle-ci permet aux vaches de se tenir au propre et de ne pas être dérangées lors du passage du racleur toutes les 1 h 30 lorsqu’elles mangent. En général des séparations toutes les deux vaches sont installées au niveau du cornadis. Ceci permet d’éviter les déjections des vaches sur l’aire d’alimentation surélevée, néanmoins il faut alors compter 5 à 8 cm de plus par vache au cornadis selon le modèle de séparation.
Afin d’expérimenter le système et d’évaluer différentes configurations, les associés de la Comex ont choisi de ne pas installer de séparations entre les vaches. La crèche, conçue avec une largeur supérieure à la norme, leur offre la flexibilité d’ajouter des séparations ultérieurement si besoin. Les exploitants remarquent une différence de santé des onglons entre la nouvelle stabulation avec l’aire d’alimentation surélevée et celle sans.
« Nous avons moins de cas de mortellaro dans la nouvelle stabulation », nous confie Ivar. Des pieds et des surfaces propres permettent de réduire la propagation de la mortellaro. « Les vaches sont aussi plus calmes », selon Ivar. Une bonne santé des onglons, moins de stress lors de l’affourragement, ainsi qu’un climat optimal leurs permettent une production de lait moyenne de 30 kg / jour en ration sèche. Seul inconvénient du fait qu’aucune séparation n’a été installée, il faut racler 60 m d’aire d’alimentation surélevée deux fois par jour.
« Economiser sur 50 cm lors d’une nouvelle construction est un faux calcul, mieux vaut laisser plus d’espace aux bêtes », selon Ivar la place supplémentaire nécessaire pour mettre en place une aire d’alimentation surélevé en vaut la peine. De cette façon deux vaches ont largement la place pour se croiser derrière les vaches en train de manger sans être gênées. L’investissement reste raisonnable, selon Ivar, le béton pour l’aire d’alimentation leur a coûté environ CHF 2’500.- pour 70 vaches. En estimant les frais pour la toiture supplémentaire ainsi que pour les 35 séparations, coutants environ CHF 150.- / séparation selon les fournisseurs, le montant à dépenser par vache pour le tout se monterait à environ CHF 250.- à 300.-.
Afin de drainer l’urine plus rapidement, la Comex Savary-Delabays a également opté pour des tapis avec des rainures perpendiculaires au guide central du racleur. Déjà en 2020 ces mesures de réduction des émissions d’ammoniac étaient soutenues financièrement. Pour les deux mesures mises en œuvre chez Comex Savary-Delabays, CHF 12’600.- au total leur a été octroyé.
Aujourd’hui ces mesures sont encore soutenues financièrement par les cantons et la confédération.
Aux vues de ses propres expériences, Ivar estime que l’aire d’alimentation surélevée est une très bonne option à étudier sérieusement lors des projets de nouvelles constructions. Le financement couvre CHF 140.- par UGB à partir de 2025 et les avantages couvrent nettement les frais d’investissement restants. Si vous souhaitez de plus amples informations, prenez contact avec un coach en construction.
