Le lupin ou « soja du nord »
Parfois surnommé « soja du nord », le lupin est une légumineuse riche en protéine qui
s’acclimate au climat plus frais de nos régions.
Avec ses plus de 35 % de protéine, le lupin est un aliment intéressant pour le bétail de même que pour l’alimentation humaine. Actuellement, la plupart des producteurs/trices transforment et valorisent leur récolte sur leur exploitation par manque de débouché, mais des démarches sont en cours pour le développement d’une filière en Suisse.
Une des particularités du lupin est qu’il contient des alcaloïdes (substances amères), qui, à trop haute dose, peuvent poser problème dans l’alimentation autant humaine qu’animale.
Variétés Boruta, Boregine, Sulimo et Frieda (de gauche à droite) (23.05.22) © Grangeneuve
Ces teneurs varient considérablement d’une année à l’autre. L’espoir est porté sur la sélection variétale pour diminuer ces fluctuations. Une autre, est qu’il ne supporte pas les sols calcaires. Mais en termes d’itinéraire technique, c’est une culture qui s’intègre facilement dans les rotations, avec en plus d’une autonomie en azote, une capacité d’extraction du phosphore du sol qui lui est propre.
Il existe deux types de lupin; le lupin blanc et le lupin à folioles étroites (ou lupin bleu). Le lupin blanc est caractérisé par des teneurs plus basses en alcaloïdes et un potentiel de rendement plus élevé que le lupin à folioles étroites.
Ce dernier est cependant plus résistant à l’anthracnose (principale maladie fongique). Il est également plus précoce mais présente une moins bonne force de concurrence face aux adventices et est donc principalement cultivé en association avec une céréale. En 2022, du lupin a été semé sur les parcelles de démonstration à Grangeneuve. Le but premier était de se familiariser avec les différentes variétés
(lupin blanc : Frieda et Sulimo / lupin à folioles étroites : Boregine et Boruta) et d’observer cette culture sous divers systèmes de production (PER, sans labour, bio en association avec de l’avoine). Cet essai démonstratif a également eu comme but de permettre à la start-up « Lupifood » de tester et goûter différentes variétés de lupin pour la fabrication d’un tofu ou autres produits alimentaires.
En termes de développement, ce sont les variétés à folioles étroites qui ont levé en premier (une dizaine de jours après le semis).
Cependant, ce sont les lupins blancs qui ont fleuri le plus rapidement et le plus longtemps (environ 2 mois après le semis). En non-labour, les plantes ont montré une bonne force de concurrence face aux repousses de la prairie précédente.
Pour ce qui est des variétés de lupin blanc, Frieda est apparue plus volumineuse, plus haute, plus ramifiée et également plus tardive que Sulimo. Du côté des lupins à folioles étroites, Boregine est bien plus intéressante que Boruta surtout en association avec l’avoine (100 % lupin et 10 % avoine). La variété Boruta étant non ramifiée, elle couvrait moins le sol et est restée très petite.
La comparaison des variétés sur leur tolérance à l’anthracnose n’a pas pu être observée dans cet essai exploratoire. Les conditions exceptionnelles de l’été 2022 (très chaudes et sèches) n’ont pas été propices à cette maladie.
Concernant la pression des adventices, le lupin offre une bonne couverture jusqu’à ce que les feuilles commencent à sécher et laissent ainsi beaucoups d’entrée de lumière au sol impliquant des risques d’enherbement tardif élevés.
Les conditions très sèches lors de l’application de l’herbicide au printemps 2022 ont fortement limité l’efficacité de l’herbicide en prélevée. Les variantes sans herbicide, avec trois passages de herse étrille ont subi un plus faible enherbement tardif. L ’ association Boregine 70 % (variété avec des ramifications) et Boruta 30 % (variété sans ramification) s’est montrée très intéressante pour concurrencer plus longtemps les adventices.
Globalement, dans cette démonstration, la culture de lupin a été fortement tributaire des conditions pédoclimatiques. Les variations de profondeur de sol ont engendré une grande hétérogénéité de maturité dans la parcelle et le sec a contribué à l’éclatement des gousses du lupin à folioles étroites. Une partie de la récolte a été battue en deux phases : fauchée en andains puis battue quelques jours plus tard.
Ceci a permis d’atténuer les variations de maturité entre les différents étages de gousses et de faire sécher les chénopodes et autres adventices présentes pour faciliter le battage. Cette technique semble très bien convenir au lupin. En conclusion, la culture de lupin nécessite peu de soin, en comparaison à d’autres cultures. Les rendements moyens se situent autour des 30 dt / ha, avec des fluctuations annuelles qui peuvent être importantes comme pour la plupart des légumineuses à graines.
C’est une culture sensible aux variations de sol et qui peut être sujette à l’enherbement tardif. Sa production de « protéine à l’hectare » est intéressante, tant pour la production d’aliment pour le bétail que pour la consommation de protéine végétale par l’humain. Un élément limitant reste les teneurs variables en alcaloïdes. Toutefois, elles peuvent être maitrisées par une bonne « dilution » dans la ration ou des trempages pour la fabrication de denrées alimentaires.
Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser., collaboratrice scientifique à la production végétale