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Potentielles économies sur les coûts spécifiques de la production laitière

17 octobre 2022
Une augmentation de la moyenne d’étable provient, en règle générale, d’une intensification de la production.

On perçoit bien souvent cette progression comme étant le résultat d’un affouragement de concentrés plus important et engendrant une augmentation des interventions vétérinaires. Cette perception peut-elle s’observer objectivement ?

A l’aide des données comptables 2020 issues de 220 exploitations laitières fribourgeoises, Grangeneuve tente d’apporter des réponses à ce sujet.

Coûts de concentrés :

Quand on pense augmentation de la production par vache, on suppose une densité de la ration plus importante et par conséquent des coûts de concentrés plus élevés. Le raccourci semble facile : dans quelle proportion cette augmentation est-elle réellement visible sur les coûts de concentrés par kilo de lait ? Le graphique cidessous montre cette corrélation. Chaque point correspond aux données d’une exploitation individuelle alors que la ligne indique la tendance.

Tableau 1: Frais de concentrés par kilo de lait en fonction de la moyenne d’étable.
© Grangeneuve

Le premier élément significatif de ce graphique concerne la dispersion des données. En effet, à production égale les différences peuvent être grandes. Par exemple : pour une production par vache comprise entre 6000 et 7000 kilos, les valeurs s’étendent de moins de 1 centime à plus de 32 centimes par kilo.

La tendance générale est malgré tout à la hausse en augmentant la production. On remarque une moyenne de 12,2 centimes par kilo pour les moyennes d’étable comprises entre 6000 et 7000 kilos contre une moyenne de 15,1 centimes pour les moyennes d’étables de plus de 9000 kilos.

Les différences entre les exploitations ayant une moyenne d’étables similaires sont multifactorielles. On peut supposer que la qualité des fourrages de bases et l’optimisation de la ration jouent un rôle important à ce niveau. Dans tous les cas, le graphique tend à prouver qu’il existe un fort potentiel d’amélioration pour beaucoup d’exploitations.

Tableau 2: Frais vétérinaire et IA par kilo de lait en fonction de la moyenne d’étable.
© Grangeneuve

Frais vétérinaires et inséminations :

Le graphique suivant présente les frais vétérinaires et les frais d’insémination par kilo de lait.

Là encore, il existe une grande hétérogénéité dans les résultats des exploitations individuelles. Au contraire des frais de concentrés, une tendance claire n’est néanmoins pas visible. On constate notamment que les exploitations les plus productives s’en sortent avec des frais relativement bas. Une hypothèse possible est que les exploitations les plus productives poussent le niveau de professionnalisation (suivi de troupeau, utilisation des données, etc.) au maximum et parviennent ainsi
à réduire leurs coûts malgré la productivité élevée. En excluant les deux catégories extrêmes (< 6’000 et > 9000) on constate toutefois une tendance à la hausse.

Conclusions :

Le principal constat qui ressort de ces résultats est que le niveau des coûts spécifiques est très hétérogène entre les exploitations. En tant que chef d’exploitation, ces graphiques permettent de se situer par rapport à d’autres exploitations. Il est possible de déceler où se situent son potentiel d’améliorations : le chef d’exploitation peut ainsi prendre des mesures techniques (modification de la ration, optimisation de la production des fourrages de base, mise en place de stratégies de prévention des maladies, etc.) qui devraient permettre d’abaisser les coûts. Les prochains bouclements comptables permettront de vérifier si les mesures prises portent leurs fruits.

Les coûts spécifiques peuvent, contrairement aux coûts de structure, souvent être influencés à court ou moyen terme. Dans un contexte général d’augmentation des prix des intrants, s’interroger sur ses coûts et tenter de les réduire constitue le principal levier que le chef d’exploitation peut activer. L’objectif étant de limiter l’impact de l’inflation sur son revenu.

Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser., collaborateur scientifique