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Gestion des risques de résistance aux herbicides

31 octobre 2024

Une forte présence de graminées après l’utilisation de sulfonylurées ou de graminicides spécifiques peut être due à une résistance à un de ces groupes d’herbicides.

Quel est l’état de la situation en Suisse ?

Agroscope a confirmé la présence de six espèces d’adventices présentant des résistances aux herbicides en Suisse. En tête de classement se trouve le vulpin des champs, suivi de près par l’agrostide jouet-du-vent. Le ray-gras d’Italie est également concerné, tout comme le chénopode blanc et plus récemment les vergerettes en viticulture. En 2022, Agroscope a recensé un total de 130 populations résistantes confirmées sur l’ensemble du Plateau Suisse et en Valais. Quatre groupes de résistance sont concernés, il s’agit des groupes HRAC 1, 2, 5 et 9 (anciennement HRAC A, B, C1, C2 et G). Pour les céréales par exemple, les traitements d’automne et de printemps sont concernés. Ces résultats ne reflètent qu’une partie de la réalité, n’étant pas le résultat d’un monitoring représentatif.

Que puis-je faire pour éviter l’apparition de résistances sur mon exploitation ?

Premièrement, il existe toutes sortes de leviers agronomiques visant à diminuer la pression des adventices, en voici quelques-uns : 

› Alterner les cultures de printemps et d’automne dans sa rotation permet de varier les périodes de germination et ainsi de réduire la dominance de certaines espèces.
› Décaler certaines dates de semis permet de réduire la levée des adventices spécifiques à la culture en question (p.ex. effectuer les semis de blé plus tard en automne permet de diminuer la pression des graminées)
› Couvrir le sol rapidement après la récolte pour concurrencer la levée des adventices
› Travailler le sol de façon ciblée et effectuer des faux-semis pour diminuer les stocks grainiers dans le sol
› Avoir si possible recours au désherbage mécanique quand les conditions s’y prêtent.

Puis, lors d’emploi d’herbicides il est primordial de tout mettre en œuvre pour assurer l’efficacité du traitement. L’apparition de résistances peut être aggravée par un manque d’efficacité ! Voici quelques notions :

› Veiller à toujours respecter les recommandations d’utilisation telles que les stades d’application et les dosages (Exemple : on applique la dose supérieure d’un racinaire contre les vulpins et raygrass et/ou dans les sols lourds). Vérifier la miscibilité lors de mélanges de produits, car il peut y avoir des pertes d’efficacité
› Cibler des conditions météorologiques adaptées aux exigences des herbicides utilisés. Les herbicides foliaires (sulfonylurées ou hormones) exigent par exemple une humidité relative de l’air élevée (>60 %), alors que les racinaires exigent une humidité du sol élevée.
› Et bien sûr, alterner les modes d’actions des matières actives des herbicides utilisés (changer les groupes HRAC) en tenant idéalement un registre des produits utilisés sur ses parcelles. 

L'agrostide résistante doit être réduite. 
Source : Grangeneuve 

Et plus concrètement dans mes nouveaux semis ?

Le manque de précipitations automnales de ces dernières années a incité à utiliser des herbicides foliaires dans les désherbages d’automne. Ces familles d’herbicide (HRAC 1 et 2) étant largement utilisées au printemps et dans le désherbage des autres cultures, leur utilisation en automne favorise le développement de résistances.

Pour les céréales d’automne, il est donc recommandé d’utiliser des herbicides de prélevée ou de post levée précoce à action racinaire (il n’existe plus de réglementations concernant les traitements en prélevée, tout traitement phytosanitaire peut être maintenant effectué jusqu’au 15 novembre).

Concernant le colza, la substance active propyzamide (Kerb Flo, Nizo) offre une alternative intéressante aux graminicides spécifiques contre les repousses de céréales ou autres graminées, notamment lorsque l’agrostide jouet-du-vent ou le vulpin des champs sont résistants aux herbicides des groupes de résistance 1 et 2.

Cet herbicide racinaire est à appliquer le plus tard possible en automne sur sol humide et froid (< 5° C).

Que faire en cas de suspicion ou de résistances avérées dans mes parcelles ? Commencer par identifier la matière active concernée, afin de ne plus utiliser ce produit. Il est également possible d’envoyer des échantillons au laboratoire privé « Labor Agris42 » situé à Stuttgart. Par la suite, appliquez d’autre produits appartenant à d’autres groupes de résistances et soigner les leviers agronomiques pour limiter la pression de ces adventices.


Nadège Wider